Emilia est née d’une mère, membre du Conseil, et d’un père Gardien, comme ses parents avant elle, et comme leurs parents avant eux… Autant le dire, faire partie du Conseil est une tâche que l’on se transmet de générations en générations, parmi les siens. Toute petite, déjà, elle savait qu’elle ferait partie du Conseil, et plus encore, qu’elle serait, un jour à sa tête. Son ambition est ce qui l’a portée, tout au long de sa jeune vie et de son apprentissage des us et coutumes qui tournent autour du Pacte de Paix qu’il y a entre Dracula lui-même est le commun des mortels qui s’affairent autour de son château.

Rapidement reconnue comme l’étoile montante de sa génération, Emilia a fait l’unanimité (vers ses 36 ans), prenant sa place à la tête du Conseil comme si cette tâche lui avait directement été confiée par Dracula lui-même, ou par toute autre entité supérieure. Elle retire une énorme fierté de sa position (un peu trop, d’ailleurs…) et ne manque pas d’asseoir son autorité à chaque fois qu’elle le juge nécessaire. Son « mandat » se fait austèrement, et l’admiration qu’elle suscitait s’est peu à peu mitigé, faisant place, plutôt, à de la crainte et un mépris pour cette femme que l’on dit froide mais qui sait, il faut le dire, gérer ce beau monde d’une main de maitre.

Elle a un fils, née d’une union avec un Gardien avec qui elle ne restera pourtant pas, le trouvant peut-être trop léger, pas assez impliqué envers le Conseil. Ce fils, Pavel, elle ne le connaît pas vraiment, finalement, préférant le confier, dès ses 4 ou 5 ans, à une marâtre dans l’unique but d’en faire un gardien digne de ce nom. Ses relations avec son fils sont sporadiques, et même si elle l’aime, au fond, elle n’est pas faite pour être mère et n’a pas su en être une, pour lui.  

Feodor est le fils d’un héros. Son père était un gardien, mais pas seulement, c’était un héros qui a résisté face aux nazis. Ces derniers l’ont emporté alors que sa mère était enceinte de lui. Feodor n’a eut que le récit par sa mère, et quelques lettres, photos pour seules traces de l’existence de son père. Sa mère s’est remariée, a eut d’autres enfants, une vie plutôt complète et heureuse, mais Feodor ne pouvait être heureux comme l’était ses frères et sœurs, c’était un enfant rêveur, nostalgique, différent des autres, distants. Il passe son temps à étudier à la petite bibliothèque municipale, le nez enfoui dans les livres et parchemins, dans la poussière. Il rêve des mythes, du passé, de l’histoire.

En grandissant, son choix est fait, il veut suivre le chemin de son père, devenir gardien. Mais sa mère ne le souhaite pas, et fait tout pour l’en empêcher. Elle se refuse à le perdre comme elle a perdu son père. Elle le court-circuite. Il ne passe pas les tests. Frustré et furieux, il s’enfuit et passe plusieurs semaines dans les bois, isolé de tout. Il réfléchit à ce qu’il veut faire. Quand il en sort, il est résolu. Puisqu’il ne peut être gardien, il sera membre du conseil. Il est encore trop jeune pour cela, mais il sait exactement comment faire. Il lui faudra encore des années, pour atteindre l’âge suffisant. Années qu’il remplira bien cependant. D’une part, il travaille auprès des mythes, les étudier n’étant plus suffisant, il trouve un job de secrétaire auprès de Dracula. D’autre part, il se lie avec les personnalités importantes du conseil. En quelques années, il parvient à obtenir tout ce qu’il désire.

Maire, membre du conseil, il a tout ce qu’il veut, tout ce qu’il a jamais souhaité. Parvenu à ce stade de sa vie, il n’est cependant pas heureux. Il aurait aimé devenir le chef des gardiens, être celui qui préside aux réunions, qui a le leadership. Pour une raison inconnue, tous les autres ont choisi de l’élire elle, de l’écouter elle, et ça le rend furieux. Pendant des années, c’était lui qu’on écoutait, lui qu’on suivait, lui qu’on respectait, presque religieusement. À présent, les choses changent, et il déteste ça. Il refuse de croire qu’il est trop vieux, c’est forcément autre chose.

Maria est née dans une famille pauvre dont le père partait souvent travailler à l’étranger. Aînée de 3 enfants, elle a vite appris à s’occuper de ses deux petits frères, quand ses parents n’étaient pas à la maison. Pour autant, elle ne se serait jamais imaginé marâtre, un jour.

Lâchant bien vite les bancs de l’école pour aller travailler, Maria s’est fait un nom, dans le fond d’un vieil atelier d’ébénisterie et a vite excellé dans les réparations diverses et dans les créations de mobiliers. Elle quitta son foyer vers ses 17 ans, pourtant, pour découvrir le monde, faire sa vie et trouver fortune à Brasov. Elle n’y resta pas bien longtemps, finalement, le mal du pays la prenant et les habitants de la grande ville fermé, complètement hermétiques à l’existence des Mythes et des légendes qui ont bercé sa jeunesse. Revenant à Bran à l’aube de ses 18 ans, elle prit vite sa place au Conseil et plus précisément le titre de Marâtre. Elle forma quelques heureux Gardiens, les plus efficaces et les plus engagés.

Le dernier rejeton dont elle prend soin, depuis ses 22 ans, est nul autre que le fils de la Dirigeante du Conseil, Pavel. C’est le seul bambin qu’elle prit sous son aile aussi jeune, aussi tôt. Cet enfant blessé, esseulé et délaissé par sa mère a su prendre dans son cœur une place toute particulière. Trop particulière, peut-être, que l’on pourrait qualifier de dérangeante.  

On en sait finalement peu, sur la tendre enfance de ce Don Juan. Recueilli vers ses 4 ans par le Conseil, sa voie fut toute tracée ; il serait Gardien.  Nul ne connaissait ses origines et pourtant, le bambin avant du sang de Kochtcheïs. Bien dilué, certes, mais tout de même. Si dilué, d’ailleurs, qu’il n’a jamais montré le moindre pouvoir ou la moindre capacité « démoniaque ». Au début de sa vingtaine, il se tourna vers la religion et vers la sérénité qu’il pensait y trouver, sans comprendre ce besoin presque viscéral de se purifier.

L’un des meilleurs de sa génération de Gardiens, Ion est pourtant d’une extrême discrétion, dans les rangs du Conseil ; il n’aime pas se faire remarquer par ses paires. Il n’est pas ingrat, mais il voit le Conseil comme une bande de bureaucrates opportunistes et il sait, clairement, qu’il n’a pas été « adopté » par bonté d’âme, mais pour servir une cause qu’on a choisie pour lui. Il leur en veut à tous ou presque, mais pas à sa Marâtre qu’il voit véritablement comme une mère et qu’il appelle, d’ailleurs, ‘Maman’.

Il se bat contre son attirance envers les hommes qu’il voit comme un handicape, alors qu’il est connu depuis des années pour être le Gardien le plus charmant.

Fils unique d’Emilia Gregorescu, Pavel aurait du, aurait pu trouver en elle la mère dont tout enfant a besoin. Pourtant, trop attachée à son rang, à sa position au sein du Conseil et à ses devoirs envers celui-ci, Emilia n’a jamais su être une mère ; peu de temps après la naissance du petit, Emilia le confia d’abord au père de l’enfant, avant de se tourner, deux ans plus tard, vers une marâtre digne de l’éduquer, Maria.

Le gamin grandit en connaissant sa mère, de loin, de nom, tout en vouant un véritable amour pour sa marâtre. Intelligent, le petit Pavel fit la fierté de Maria, durant toute sa scolarité, et même d’Emilia, quand celle-ci prenait le temps de prendre des nouvelles, ne manquant jamais de répéter à Maria qu’elle ne prendrait jamais sa place, dans le cœur du petit.

Ne trouvant pas sa place en tant qu’Apprenti, Pavel fait ce qu’il peut pour rentrer dans les rangs et rendre Maria fière, tout en faisant des études, à côté, pour assouvir ses envies d’apprendre, encore et encore.

Il est encore apprenti et le sera pendant encore pas mal de temps, vraisemblablement, mais peu importe : il veut rester près de Maria pour qui il a des sentiments que l’on juge de contre-nature, alors que c’est elle qui l’a élevé. Voilà également près d’un an qu’il marche dans les traces de sa mère, Emilia, et qu’il s’essaye à l’herboristerie, pour soigner, lui aussi, les malades du village.