Intimate evening

Dracula & Carmilla

Le comte senti le regard de son épouse. Le regard de Carmilla était pareil une douce caresse sur sa nuque. Il ressenti le léger picotement au creux de sa nuque, lui indiquant que quelqu’un l’observait, aussitôt suivit de la sensation de douceur, de palpitation, puis le parfum de son épousée. Chaque oupyr avait un parfum lui étant propre même si le chant du sang de son créateur résonnait encore en chacun. Celui du Lord Ruthven résonnait d’autant plus fort qu’il vivait sous le même toit que sa fille. Dracula avait accepté sa présence, mais ne daignait l’appeler beau-père. Il le traitait comme un invité, avec respect, mais également avec méfiance. Il n’avait accepté sa présence ici que par amour pour Carmilla.
Car il aimait son épouse. Ce n’était pas le même amour qu’il avait ressenti pour Mina. C’était un amour plus doux, moins tempétueux, moins passionné, mais emprunt d’une grande tendresse. Au fond, il lui suffirait d’avoir Carmilla et Artémis autour de lui pour se sentir heureux, il n’avait besoin des autres vampiresses, mais leur présence était indispensable pour le bien être de la cour, et de sa politique. Carmilla le comprenait comme elle comprenait qu’il eût besoin qu’elle soit en bonne santé et se montre si insistant pour qu’elle consomme le sang lui étant nécessaire.
« Carmilla, ma chère, as-tu bu ce soir ? » demanda-t-il d’une voix douce en s’approchant d’elle. Son regard semblait captivé par la nuit et le chant de toute la vie animant les bois entourant le château, sa demeure, sa forteresse. Il avait trouvé comment occuper l’esprit de sa douce épouse les premières nuit en lui demandant de l’aide pour remplir la bibliothèque d’ouvrage de poésie, de toiles de peintre romantiques, il lui avait demandé de l’aide pour obtenir les toiles de grand peintre anglais ou français, lui qui pouvait difficilement mettre les pieds en Angleterre sans aussitôt avoir à ses trousses les Van Helsing.
Visiblement, elle était agitée par de sombres pensées. Comme à chaque fois qu’elle était livrée à elle-même, seule dans cette demeure trop chaude à son goût, entendant le bruit de cette vie qui lui était étrangère. Le comte tira sur une corde appelant ainsi Renfield, son précieux domestique, servant comme une ombre. Pendant ce temps là, il s’approcha de sa compagne d’éternité et posa ses mains dégantées sur les épaules à moitié dénudée de son épouse. « Je pourrais avoir besoin de tes précieux conseils. Si tu as quelques heures à m’accorder, mais je te préviens, le problème est épineux. »
D’expérience, il pensait que la dépression dont souffrait sa belle et tendre Carmilla ne pouvait être vaincue, pas lorsqu’il s’agissait d’une immortelle. Cette langueur serait à tout jamais en elle. Mais il pouvait lui donner de quoi occuper son esprit. Il n’y avait rien de tel que l’activité pour donner quelques raisons de s’éveiller à la nuit pour un immortel. Rien n’était plus mortel pour un mythe que l’ennui.

Intimate evening

Dracula & Carmilla

Dracula connaissait son épouse, totalement du genre à ignorer la soif la dévorant jusqu’à ce qu’elle disparaisse, se fasse silencieuse et insidieuse, parce qu’elle n’était pas d’humeur. Il pouvait comprendre cela, lui-même jeunait avant les combats afin d’être rempli de hargne. Mais il y avait une limite à ne pas dépasser, et trop de jeûne affaiblissait un vampire, guérir d’une simple petite blessure prenait du temps et était douloureux, quand à la force physique, elle disparaissait presque. Si l’on en abusait, on finissait par devenir plus faible qu’un mortel. Dracula craignait que Carmilla ne finisse par en arriver là avec ses jeûnes prolongés et son manque d’humeur pour s’abreuver. « Tu sais que Brana peut te concocter l’un de ses cocktails dont elle a le secret ? Tu n’es pas obligé de boire au cou d’un calice si tu n’en a pas envie. » Brana était la cuisinière du château, une ancienne servante humaine, qui préparait le sang comme personne, préservant ses bienfaits, elle parvenait à le parfumer, à l’arranger, pouvant même rendre le sang animal buvable.

Ses larges mains de guerrier qui d’aventure se faisaient menuisier, chirurgien, artisan, orphèvre et pour ce soir, masseur. Un vampire ayant une longue existence menait forcément plusieurs vies. Et son créateur pensait qu’il devait tout apprendre, les métiers les plus utiles, savoir se débrouiller seul, sans humains pour travailler pour lui, sans vampire à le servir avant de pouvoir commander qui que ce soit. Il appréciait encore fabriquer des choses avec ses mains, ça le calmait, le recentrait. Il aimait la douce caresse du bois sous ses doigts. Mais il n’avait jamais eut la patience pour les travail de couture qu’il laissait volontiers aux femmes. La forge était la seule chose qu’il laissait aux autres et n’avait jamais approché, il n’était pas fan des flammes et du feu en général. Il avait vu les dégats qu’il pouvait causer. Ses mains s’appliquaient à présent à masser les épaules nouées de son épouse. Il savait qu’elle n’était pas très tactile mais le laissait l’être.

Carmilla est toujours de bon conseils, justement parce qu’elle se moque de la politique, qu’elle n’a jamais désiré être l’épouse d’un roi, qu’elle se moque des titres et de la fortune, du pouvoir plus encore. C’est ce détachement, presque cette froideur, qui lui donne assez de recul pour avoir des conseils avisés. D’autant qu’elle sait tout de ses affaires, Dracula aimant en discuter avec elle, et n’ayant de secret pour son épouse. Avec Erzébeth il est souvent méfiant, avec Cici, il ignore si elle a réellement envie d’être ici, parfois il s’interroge si elle se plait ici. Peut-être que Carmilla souffre aussi du mal du pays. Parfois il se demande s’il n’a pas eut les yeux plus gros que le ventre. Gérer les vampires de Roumanie ne pouvait lui suffire, il fallait qu’il cherche à apaiser les régions voisines. Il soupira, ses problèmes étaient multiples, il y en avait toujours de nouveau et de plus, il pensait aux éventuels prochains… si seulement sa caboche pouvait s’arrêter de tourner un instant.

« Non, enfin, pas directement. Des chasseurs ont été aperçu aux alentours du village. Et j’ai appris que des Helsing étaient arrivés à Brasov. Crois-tu que je doive m’en inquiéter ? » Il en avait déjà discuté avec le conseil, mais avait évité le sujet avec son neveu de peur qu’il ne cherche à prendre des mesures définitives. Aleksandr était trop empressé, trop impulsif, et certainement trop dangereux pour s’occuper de chasseurs qui pour le moment n’avaient montré une véritable menace mais pourraient le devenir.

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Dracula & Carmilla

Dracula n’aimait pas le ton de la voix de son épouse. Chasser, boire le sang, d’humain domestiqués ou pas, cela était indispensable à tout vampire, la soif était le moteur, la vie de leur existence. La dépression touchait à cela, diminuait l’intensité de la soif, coupait même parfois l’instinct de survie. Il craignait qu’elle se laisse dépérir. Il l’avait vu plusieurs fois refuser de boire du sang, et s’en inquiétait. Son créateur agissait parfois impunément à ce sujet, mais pas Dracula. Il aimait Carmilla, et son état parfois le rendait anxieux. « J’aimerais que tu boives quelque chose, il n’est pas bon pour un vampire de s’imposer le jeûne. » insista le maître des lieux, conscient qu’il l’ennuyait probablement avec cela. « Fais moi plaisir, ne me laisse pas boire seul. » tenta-t-il comme autre approche, doutant qu’elle prenne plaisir réellement à boire, mais si elle buvait un peu, cela diminuerait l’emprise de la dépression, il en était certain. Le sang réparait aussi bien le corps que l’esprit.

Mentionner ses inquiétudes n’était pas seulement pour la divertir, il était réellement inquiet, et il avait terriblement besoin de ses conseils, de sa vigilance. Il craignait que les Hellsing aillent plus loin que la plupart des membres de l’ordre ne l’avaient jamais fait. C’était de vieux ennemis, les seuls chasseurs à avoir fait reculer Dracula, l’avoir poussé à quitter Londres. Il avait craint autant pour sa vie que celle de Mina, et à l’époque, il avait été rassuré de voir qu’ils ne le suivaient pas. Il avait détesté ce sentiment. S’il n’y avait eut Mina, il aurait lancé une guerre sanglante contre les Hellsing. Ces derniers avaient profité du fait qu’il était amoureux, affaibli et aveuglé par ses sentiments. Dracula savait qu’il ne ferait pas l’erreur une seconde fois. Mais le fait est que les Hellsing présent à Brasov étaient des hybrides. Il ignorait qui avait pu concevoir de telles abominations que des hybrides dans les rangs des chasseurs mais cela constituait une vraie menace. Pas seulement pour lui-même. Dracula s’inquiétait aussi du fait de la présence de Erzébeth, qui avait tendance à laisser sa colère éclater, de celle de Aleksandr, toujours prompt à réagir aux émotions plus qu’à la raison, ou encore Alucard, qui avait toutes les raisons du monde de haïr les Hellsing même s’il n’était pas né lorsque ceux-ci pourchassèrent son père et sa mère.

« Ton idée est intéressante, l’ordre sait déjà pour le pacte, je pense. Mais le but n’est pas tant de leur apprendre comment nous fonctionnons, plutôt de nous poser en pacificateur. S’ils agissent malgré cela, alors ce sera eux les attaquant. Intéressant. Cependant je ne veux avoir l’air de me justifier. Et si tu m’accompagne à une telle rencontre, il ne faut pas que tu ais l’air affaiblie. Tu le sais. L’ordre n’attend que cela, de voir nos faiblesses pour s’enfoncer dedans. Ils ne renonceront pas à leur guerre éternelle qu’ils pensent sacro sainte. Si tu veux m’accompagner dans une telle entreprise, tu dois t’alimenter. » fit-il remarquer en l’observant droit dans les yeux.

Intimate evening

Dracula & Carmilla

Le mal lancinant qui drapait son âme d’un voile funeste, le vampire le percevait. A travers ses demi mots, comme ses terribles sous-entendus, il percevait la douleur qui ourdissait son âme, il percevait la lenteur de ses gestes et le poids de ses pensées jusqu’à dans ses gestes tissés d’une certaine lourdeur inquiétante. Son épouse était rongée d’un mal contre lequel il ne pouvait lutter. Ce n’était pas une armée contre laquelle il pouvait se dresser, ses capacités de guerriers ne pouvait rien contre une maladie de ce genre, même ses élans et ses efforts conjugués peinaient à se traduire, à obtenir le moindre signe d’espoir d’une rémission si une telle chose était possible. Il entoure la vampiresse à la beauté subjuguant de ses bras, il l’entoure de son amour, de son attention, sachant que cela ne suffit, que rien ne suffira jamais, mais qu’il peut un temps éloigner les ténèbres s’il se concentre suffisamment. « Qui diantre pourrait t’oublier ? Ma divine épouse, ne prend guère les tracas des autres pour de l’égoïsme ou un manque d’intérêt à ton égard, tous trouvent leur mule chargée au soir. » déclare-t-il en se penchant et effleurant la nuque charmante, à la peau douce, de son épousée, et y déposant un baiser alors que ses bras l’enlacent, qu’il la berce doucement, affectueusement, tendrement, baignant l’immortelle d’amour. Cela ne suffirait. Rien ne semblait avoir la moindre emprise sur le mal. Excepté peut-être le sang, et encore…

De sa main, il entoure la corde pendant à l’un des murs, et tire sur la lourde corde. A ce signal, serviteurs s’activent afin de faire parvenir le sang, chaud, coulé juste pour l’occasion dans des verres de cristal où il sera servit frais, juste pris à une nuque, une veine, encore palpitante, ponctionné comme il se doit, servit comme il convient. Le vampire s’éloigne de la corde, conscient que tout vient à point à qui sait attendre. Ils ont des sujets après tout importants à traiter, comme la présence indésirable d’un couple de chasseur.

Ses conseils étaient avisés comme toujours mais elle ne mordit à l’hameçon qu’il lui tendait. Il savait pourtant à quel point elle était attachée à son rôle de conseillère, à quel point elle tenait à protéger la cour et ses membres, à quel point elle portait de l’importance à cette famille, à cette cour, pourtant, elle y renonçait plutôt que de s’alimenter comme il se doit. Elle était prête à renoncer à ses titres, à sa place à ses côtés, plutôt qu’à lutter contre ce mal insidieux. Il sentit la colère rugir en lui, remonter le long de ses veines assoiffées. Dracula fit le tour de la vampire et se posta devant elle, s’agenouilla devant elle, et saisit ses mains. Le geste était oh combien symbolique. Il lui rappelait qu’elle était sa reine autant qu’il était son roi, et que son titre elle se le devait autant qu’elle le lui devait. « Ne renonce pas, pas aussi facilement. Tu sais qu’il coule dans mes veines le sang d’un guerrier, alors prends en quelques gouttes, prend de ma force. Je t’en supplie. » fit-il en lui tendant son poignet, en offrande.

Intimate evening

Dracula & Carmilla

Le nom de son fils aux lèvres de Carmilla. Il ignorait si c’était un bon ou un mauvais signe. Quand il était tombé amoureux de Mina Harker, Carmilla avait été l’une des rares à le soutenir. Il n’y avait alors en elle nulle jalousie. Elle se montra douce, à l’écoute, un soutient sans égal et sans retenue. Alors que le professeur Helsing les pourchassait, lui et Mina alors enceinte de lui, Carmilla fit tout pour les aider à fuir, à se cacher, connaissant mieux que quiconque les endroits secrets et sombres. Elle assista Mina lors de l’accouchement, veilla sur elle quand elle était fragilisée, aida le comte dans l’éducation de son fils quand sa mère ne fut plus. Carmilla avait toujours été proche d’Alucard. Dracula observait parfois avec une pointe de jalousie leur relation. Il aurait aimé avoir cela avec son fils, pouvoir le comprendre, l’aimer sans retenue, être capable de discuter avec lui sans lui faire la morale. « Mon fils ? Qu’y a-t-il ? Il est revenu mais il ne me dit rien. Il s’est totalement fermé à moi. C’est de ma faute, je ne suis pas fichu de lui parler sans élever la voix. T’a-t-il dit quelque chose ? » Sa voix trahissait une légère inquiétude. L’un de ses fils avait trouvé la mort en Amérique, tué par de vieux ennemis qu’il s’était fait. C’était le fils rebelle, celui qui se nourrissait de la rage des autres, incapable de comprendre le danger de cette colère que rien ne pouvait apaiser. Dracula avait dû le chasser pour éviter qu’il n’embrasse le royaume. Mais il se sentait coupable de sa mort, s’il l’avait gardé près de lui, s’il l’avait enfermé, contraint à plus de pacifisme, de calme… En aurait-il été capable ? Son fils l’aurait détesté plus encore. Parfois, il n’y avait rien qu’on puisse faire.

A présent, genoux à terre, il la suppliait, oui. Il savait qu’elle résisterait s’il tentait de l’y forcer, et il n’aurait le courage de le faire, ce n’était pas le genre de rapport qu’ils avaient, elle n’était pas sa fille, son infante, elle était sa compagne, son égal. Les yeux dans les yeux, leurs mains glacées emmêlées, ils se contemplèrent, lui la suppliant, elle le scrutant comme si elle cherchait à percer le mystère de cette persévérance. Il lui confia son poignet qu’elle découvrit, perça de ses blanches dents, aspirant quelques gouttes vermeilles de ce puissant élixir. Elle se transforma sous ses yeux, la langueur qui l’engourdissait n’était plus qu’un vague souvenir qui s’effaça totalement à l’entrée de l’humaine. La douce servante n’était qu’une enfant, et les règles des dons du sang était plutôt strictes au château. Le respect des humains y était prôné. Il fallait qu’ils soient consentant, qu’ils soient respectés, et qu’ils soient honorés. Carmilla le savait, elle joua un peu avec l’enfant délicieuse, faisant danser la peur comme le désir en elle, avant de se détaché d’elle. Et de glisser ces paroles. Puis de s’enfuir. Dracula esquissa un sourire amusé. Il s’approcha de la douce enfant, et glissa un écu d’or au creux de sa main, puis il saisit le verre de cristal qu’il porta à ses lèvres. Nul sang ne devait être gâché. Puis il déposa le verre délicatement, renvoyant l’enfant aux cuisines.

A son tour, il s’engagea à une vitesse surnaturelle dans les tunnels. Il voulait suivre son épouse, l’accompagner dans la chasse ou simplement, l’y observer.

Intimate evening

Dracula & Carmilla

Dracula pouvait sentir que son épouse était vexée rien qu’au son de sa voix. Alucard allait et venait en se moquant des dégâts qu’il causait autour de lui. Dracula n’ignorait pas que son épouse avait tenté de se montrer attentionné, à l’écoute, envers lui. Mais il connaissait son fils. Personne au château n’était capable de lui apporter ce qu’il désirait ou du moins le croyait-il au point de se moquer complètement de ce que pouvaient ressentir sa famille vampirique. Dracula savait que ce n’était pas facile pour son fils. Il n’était pas entièrement vampire, pas assez pour supporter la solitude de leur espèce, pour pouvoir continuer après ce qu’il était arrivé à sa mère. Il savait qu’il était trop distant et froid pour lui, que Alucard avait besoin de plus de présence et d’amour, et pourtant, il se comportait comme son père, peut-être pire que lui encore. « Il n’a prévenu personne, ni toi ni moi. J’ai vu qu’il était ici en voyant de la lumière dans sa chambre… » soupira-t-il en levant les yeux au ciel. Ce n’était pas la première fois qu’il lui faisait un coup pareil. Dracula devait l’admettre, son fils le rendait dingue. « C’était il y a quelques nuits de cela. » A dire vrai, il ignorait si son fils était encore dans la région. Il ne l’avait pas revu depuis. Le connaissant il devait être venu ici pour une raison précise et il repartirait quand il aura obtenu ce qu’il désirait, sans avertir qui que ce soit. Mais il continuait de prendre le château de son père pour un hôtel. « Et je dois admettre que je n’ai jamais su ce qu’il se trame dans sa caboche, celle-ci est bien trop dure à mon goût. » siffla-t-il en crachant ses regrets et sa culpabilité qu’il trainait sur son dos depuis trop de siècles. Il savait qu’au fond, il était responsable de son fils, pas seulement de lui avoir donné naissance, mais d’avoir aimé sa mère, d’avoir provoquer sa mort.

Sortir du château, chasser avec Carmilla était sans doute ce dont il avait besoin. Se changer les idées. Le saigneur vampire laissa son épouse prendre les devant. Elle s’avança vers la nuit, la scrutant, l’écoutant, cherchant à en percer ses mystères. Dracula l’observait. Il la trouvait magnifique quand elle s’offrait ainsi aux ténèbres, à sa nature profonde. Il fallait la pousser pour qu’elle cède ainsi à ses instincts, qu’elle les laisse s’exprimer, et plus encore, qu’elle le fasse en sa présence. Il profitait de ce spectacle sachant à quel point il était rare. Soudainement, il la vit choisir sa proie, son corps entier se meut, si rapidement qu’un œil mortel ne peut le voir. La vampiresse est devenue une chasseresse, pourchassant sa proie, un cerf, un animal royal. Dracula sourit, la suivant à distance pour ne pas la déranger. L’animal ne la voit venir, elle est trop rapide, trop furtive, son corps entier, sa magie, pour lui offrir une supériorité indéniable, l’animal n’a pas la moindre chance. Il perçoit le geste qu’elle fait. Silencieux, patient, il remonte jusqu’à elle, sans se faire entendre ni sentir par l’animal. C’est sa chasse, même s’il en profite, qu’il en goutte le spectacle. Il est rare qu’il chasse des animaux, ses gouts le porte vers les mortels même si ce jeu lui a valu plus d’une fois de risquer sa vie immortelle. Mais chasser les animaux a quelque chose d’infiniment plus sacré. La plupart meurt du baiser fatal d’un vampire, ils n’ont pas la force de se retenir, et leur cœur en s’emballant, empêche bien souvent le vampire de laisser suffisamment de sang à sa proie pour qu’elle survive. De toute façon, un animal affaibli finit toujours par mourir, victime des autres prédateurs. Il n’est que pitié de l’achever. Il s’approche d’elle, sans toutefois la toucher, mais il est suffisamment proche pour la sentir. Sa tête se penche sur le côté comme pour l’inviter à continuer.

Intimate evening

Dracula & Carmilla

Le comte soupira « Tu as raison, comme toujours. Que ne ferais-je sans toi et tes conseils ma mie. » Carmilla était sans nul doute son épouse qui comprenait le mieux les subtilités d’un cœur abimé, et les dommages irréparables qu’il pouvait posséder, qui savait au mieux comment soigner, réparer. Contrairement à d’autres qui n’avaient que faire de ces peines et souffrances et estimaient qu’un vampire était une créature des ténèbres, rien d’autre. Dracula incarnait à la perfection les ténèbres, le guerrier froid, éternel, l’autorité que rien n’entachait, et il devait garder cette image là pour sauvegarder son royaume, la paix, le pacte, mais il ne pouvait montrer cette froideur avec ses enfants, et particulièrement son fils s’il souhaitait le garder auprès de lui.

Les deux Oupyrs partent en chassent. Dracula reste en retrait souhaitant observer sa compagne durant la chasse sauvage, ayant de la fierté dans le regard quand il la voit choisir sa proie de la nuit, un cerf majestueux qui représente autant la royauté que la divinité ou encore la lumière du renouveau au printemps. Tant de symbolique dans le geste qu’elle a, tant de respect dans la mise à mort. Il l’admire. Il l’observe patiemment. Ses joues rosissant à mesure que le sang absorbé coule dans ses veines lui rendant sa beauté, sa jeunesse, son immortalité. Les Oupyrs ont tendance à paraître plus vieux quand ils s’abstiennent de boire du sang pendant de longue période. Ce n’est pas exactement comme la vieillesse frappant les mortels mais ça pourrait y ressembler de loin.

Quand elle s’approche de lui, il a un sourire heureux, content d’avoir chassé la mélancolie qui étreint trop souvent le cœur de son épouse, heureux de la voir à nouveau pleine de vie, les joues roses. Elle l’embrasse, doucement, tendrement, il l’étreint, se réchauffant à son contact, appréciant la douceur de l’échange, la tendresse de son épouse à son égard. Ses mains l’enlacent, il la presse doucement contre lui. Quand elle se détache, elle le taquine. Il s’en amuse, soulagé de la voir rire et s’amuser à ses dépends, signe de bonne santé retrouvée. « Vous auriez l’air vieille comme ces mortels à l’hiver de leur vie. Ma douce, vous avez retrouvé votre peau de bébé. » la taquine-t-il en frottant son nez contre sa joue puis y déposant un baiser. « Je dois confesser qu’elle m’avait terriblement manqué. » ajoute-t-il dans un murmure.

Sa main se glisse dans celle de la vampiresse, la pressant contre la sienne, contre sa poitrine puis contre ses lèvres. Ce n’est un baisemain, même si cela y ressemble, c’est autre chose encore. « Ma mie, j’ai besoin de vous à mes côtés. Je dois préserver cette union des peuples, balayer les doutes. J’ai besoin que vous soyez forte comme vous l’êtes ce soir, et si pour cela il faut que nous chassions ensemble chaque nuit, alors qu’il en soit ainsi. » confia-t-il avec un mélange d’autorité et de tendresse qui lui allait si bien.