Je n’en ai pas encore parlé à ma sœur. Tout simplement parce qu’on n’a pas le même père. Il est évident que le sien est un Esprit de la forêt, un Lièchi quand le mien n’est qu’Humain. Même s’il l’a toujours considérée comme sa fille, et qu’il l’a élevée comme telle. Et Snežana est ma sœur, je ne fais aucune différence sur cela. On a la même mère après tout. Et elle est même plus que ma grande sœur. Elle est mon monde complet, parce qu’il n’y a toujours eu qu’elle et moi contre le reste du monde. Principalement contre les Étrangers, qui nous jugent sans nous connaître. Notre histoire fait qu’on est fusionnel. Et je ne me pose jamais plus de questions que cela. Ma vie est comme ça et tant que je n’en suis pas malheur qu’est-ce que cela peut bien faire aux autres ? Pourquoi devrais-je me sentir honteux des démonstrations affectives de Snežana ? Elle agit parfois de manière très animale de par sa nature d’Hybride. Elle a quelques traits de caractères et des instincts très lupins. Mais cela les Touristes ne peuvent ni le savoir, ni le comprendre.
Quoi qu’il en soit me voilà seul de nuit à l’orée de la forêt avec un livre d’archive en main. Si je n’avais voulu faire un exercice sur l’histoire du village et les familles fondatrices, je n’aurais pas été fouillé dans les archives du Conseil. J’ai récupéré les livres de recensement de la population et j’en ai profité pour les feuilleter. J’envisageais alors simplement de peut-être faire dessiner leurs arbres généalogiques aux enfants. Et j’ai bien sur commencé par mes ancêtres humains. Car je sais que du côté de Maman, il y a au moins une Vila. Et c’est comme cela que j’ai découvert que ma famille n’était pas vraiment originaire de Bran. Non, il y a environ trois siècles qu’on s’est installé ici. C’est suffisamment long pour qu’on soit des Locaux maintenant. Et j’ai aussi noté que mon ancêtre, dont le nom de famille était un peu différent, est venu ici parce qu’il avait épousé une jeune femme du village, dont je ne trouve pas beaucoup de traces. Je me suis posé quelques questions. Et j’ai fini par me dire que pour ce que j’en savais, tu étais issue de cette région-là… Du moins, d’après ce que tu nous as conté une fois.
Alors j’ai emprunté le livre de recensement de l’époque. Et je t’ai donné rendez-vous ici. Je suis assis tailleur à même le sol, emmitouflé dans mon écharpe et mon manteau. C’est qu’il ne fait pas très chaud en ce début de mois de novembre. Je souffle sur mes doigts froids pour les réchauffer un peu. Les lumières du village éclairent l’orée de la forêt où je me trouve. En cette période de l’année, la nuit tombe vite, et elle dure de nombreuses heures. Je devine que dans chaque chaumière, on prépare le repas du soir ou on le mange. Peut-être que les mères content des histoires pour endormir les enfants… Un bruit attire mon regard vers les ombres des arbres. Je peux sentir la présence d’un être surnaturel, pour parler comme les Touristes. Et tu apparais bien vite entre deux arbres. Je me remets debout et je t’offre un sourire aimable. « Bonsoir dame Dementa. », je te salue d’un signe de tête. « Je vous remercie d’être venue. Et je m’excuse d’avance, parce que ma question va sûrement vous paraître anodine et stupide… Mais je suis curieux. » Comme tout le monde j’aime savoir d’où je viens, au moins en partie. Je mordille ma lèvre inférieure. « Ce ne sera pas long, j’ai juste une question. », j’explique avec ma voix douce.
Sujet: Re: Les liens du sang restent éternels [Dementa] Sam 23 Nov - 15:08
"Les liens du sang restent éternels"@Miłosz Vacaresco & Dementa"Plus étroits que ceux du sang et de la famille sont les liens de l’amitié.” – Le Décaméron de BoccaceUn rendez-vous nocturne près de la forêt. Voilà une occupation bien ordinaire pour moi. Depuis des siècles que je vis en Valachie, j’aime la proximité du village aux bois alentours, les esprits de la nature voletant discrètement autour de nous. Ce qui l'est moins, en revanche, c'est la boule de poils qui m’accompagne désormais partout où je vais. Son arrivée dans ma vie a pour ainsi dire chambouler le cours de mon existence. Pas en surface, bien sûr. Mes nuits sont toujours rythmées selon Artémis, sinon à ma guise. En profondeur, au fond de moi, j'ai néanmoins ce sentiment réel, concret, qu'une vie dépend de mes bons soins, de mes bonnes grâces et de ma bonne volonté. Et comme j'aime à sentir chaque nuit à mon réveil le doux pelage soyeux de la jeune chatte, entendre doucement se réveiller sa machine à vibrations, il va sans dire que je ne peux me résoudre à la laisser s’ennuyer seule au château alors que je sors me promener au village. Elle est donc là également ce soir, toute éveillée et curieuse, comme le chaton qu’elle est encore, mais plus dégourdie qu'à nos débuts. Pour autant, je la garde tenue en laisse, pour qu’elle n’échappe jamais à ma vigilance.
Je tiens à la présenter à chacune des personnes auxquelles je tiens. Si Artémis est comme une deuxième maîtresse pour elle, de la même manière que Douceur, il faut que Cleopatra connaisse les odeurs de mes amis villageois. Le menuisier, la lavandière, la gentille serveuse de l’auberge, et bien sûr, toi. Plus tard, viendra le tour de ta soeur, Snežana. Nos relations ont toujours été courtoises et amicales, depuis notre première rencontre, alors que vous n’étiez que deux enfants encore vulnérables. Toi comme ta soeur avez grandi sans nous craindre, car nous autres Mythes oeuvrons à votre protection contre les Etrangers mal intentionnés qui voudraient profiter de vos faiblesses. Et dans vos veines coulent le sang de certaines créatures qui ne sont que légendes à leurs yeux impies. Courtoisement, je m’avance vers toi, le chat perché sur mes épaules. « Bonsoir, Milosz. » Le froid de l'automne te cause plus de mal qu'à moi, tes rouges rosies et ton haleine glacée ne laisse aucune place au doute. Pourtant, je sens quelque chose d'autre alors que tu me salues et me fait part de ta requête. Tu parais gêné, peut-être anxieux alors que tu mordilles ta lèvre. Je t'adresse un franc sourire encourageant pour t'aider à te lancer. Je suis sûre qu'il ne s'agit là de rien de grave. « Dis-moi tout, je t'écoute. Tu peux en poser plusieurs, je ne t'en voudrais pas. » Comme je vois l'épais livre entre tes mains, je penche la tête légèrement pour y lire le titre gravé sur la couverture. Je ne sais pas dans quel cadre on enseigne les lignées généalogiques à l'école, mais comme j'ai l'habitude de te retrouver pour un arrangement à l'amiable, une poignée de touristes vifs contre des créations ouvragées pour tes classes, je me figure que tu as besoin d’une faveur pour tes prochaines leçons. « Les archives de Bran ? » je demande simplement. Je m'imagine déjà en train de réaliser une tenture de deux mètres sur deux mètres, un arbre brodé en son centre et des peintures d'enfants ornant ses feuillages, alors que je prends place sur un rocher et que je dépose mon chat à mes pieds.
Mon regard foncé se pose sur ta personne, quand tu émerges des sous-bois. Évidement mes yeux sont d’abord attirés par le chaton, qui repose sur ton épaule. On s’épie un moment en silence, le petit animal et moi. Je suis surpris de voir un félin avec toi, aussi à l’aise. Mais je n’ai pas la prétention de m’y connaître tellement en Oupyr. Alors peut-être qu’effectivement, il est totalement normal pour vous d’avoir des animaux de compagnie. Et les chats semblent être de parfait compagnons. Je vous trouve quelques similitudes… Ce qui ferait encore plus rire Yasen, que je qualifie carrément de matou pour le taquiner. Il est comme ma sœur, un Métamorphe. Sauf que lui prend l’apparence qu’un Lynx avec ses oreilles en forme de plumeau. Je pense que tu le trouverais adorable sous sa forme animale. Cependant, extrêmement poli et respectueux envers le mythe, que tu es, je te salue bien vite.
Et dans la foulée, je m’excuse d’avance pour la requête. J’ai conscience que pour toi cela ne sera qu’une futilité, une idée bien trop humaine de savoir d’où on vient. Il y a sûrement des choses bien plus importantes à tes yeux que cela. Pour moi, c’est une curiosité qui m’anime, un besoin très mortel de connaître mes origines. Même si cela ne changera rien à ma vie. J’en ai conscience. Tout comme je me doute qu’il y a peu de chances que tu connaisses mes ancêtres, même si tu as vécu à la même époque qu’eux. Quelles sont réellement les probabilités pour que tu les aies rencontrés autrefois ? Elles doivent être bien minces. Comme tu réponds à mon salut, je sors de ma torpeur passagère et de mes pensées. Je me secoue un peu en me remettant debout, histoire de me réchauffer un peu. « Charmant compagnon… Ou compagne. », je déclare avec un vague mouvement du menton vers le chat. « Il a un nom ? », je demande avec un léger sourire. J’aime les animaux, ce qui n’est guère une nouveauté ayant grandi plus dans les sous-bois qu’au village.
Mon léger stress doit te parvenir. Tu m’offres un sourire bienveillant et tu m’encourages même avec une phrase. Mais j’ignore par quoi commencer. Je n’ai pas vraiment réfléchi à comment amener le sujet, ni quelle question je voulais te poser en réalité. Quelles informations est-ce que je désire que tu me livres ? J’ouvre la bouche pour répondre, mais le silence ne se brise pas. Au bout de quelques secondes, je referme la bouche. Je mordille ma lèvre inférieure avant de la lécher. Mais ton attention est attirée par le livre de recensement, que j’ai en main. Ce qui m’offre un début de conversation. « Ô… En fait, je pensais faire dessiner à chaque enfant son arbre généalogique. », j’explique avec un léger sourire. « Je me suis dit que ce pouvait être un exercice intéressant sur le vocabulaire de la famille, et pour voir qu’on est tous un peu lié à Bran. Et j’ai pensé à faire le mien en premier, comme exemple. »
Finalement, j’ouvre le livre là où j’ai laissé le signé en tissu. Et comme tu t’assieds sur le rocher, je reprends ma place d’origine. Je te tends le livre. « J’ai découvert que Vacaresco n’est pas le nom d’origine de ma famille. Et qu’on ne vit ici que depuis un peu plus de trois siècles. Si je me souviens bien on est originaire de la même région que toi. » Je t’indique l’information du doigt. Et j’attends un oui ou un non. Je mordille à nouveau ma lèvre. « Du coup, même si les chances sont quasiment nulles, je le sais, je me suis demandé si tu connaissais mes ancêtres ou si tu pouvais me parler de cette région à cette époque-là. » J’aimerais visualiser d’où ils viennent, et pourquoi ils auraient tout quitter pour la Valachie.
Sujet: Re: Les liens du sang restent éternels [Dementa] Jeu 2 Jan - 13:32
"Les liens du sang restent éternels"@Miłosz Vacaresco & Dementa"Plus étroits que ceux du sang et de la famille sont les liens de l’amitié.” – Le Décaméron de BoccaceTu sembles remarquer la présence de Cléopatra aussitôt et cela me flatte sûrement plus qu'elle car elle se contente de humer l'atmosphère du soir d'un air curieux. J'apprécie qu'elle puisse me suivre partout pour apprendre diverses choses alors qu'elle grandit doucement. Attachée à moi par une longue laisse, elle peut s'ébattre dans les hautes herbes et découvrir des odeurs inédites. Elle apprend à se comporter en société telle une petite princesse, réclamant des petites caresses affectueuses d'un mouvement de tête légèrement hautain et travailler ses vocalises pour s'exprimer. Sa petite voix vient briser la quiétude du soir, subrepticement, alors que tu la complimentes, m'arrachant un sourire fier. « Milosz, permets-moi de te présenter comme il se doit la toute jeune princesse de la Cour, Cléopatra de Dracul. Je lui ai donné le nom de Dracula, ça fait plus sérieux. » je commente, d'un air amusé. Dracula n'en dit rien, il a bien d'autres chats à fouetter, justement, mais il l'adore, peut-être parce qu'elle a déjà obtenu toutes les faveurs possibles d'Artémis et qu'il ne refuse rien à sa fille unique. « Tu peux la caresser, elle aime les marques de soumission à son égard. » Ou d'affection, je ne sais pas ; je crois qu'elle aime surtout qu'on la regarde quand elle s'exprime et qu'on l'oublie quand elle se cache.
Mais je relève les yeux vers toi alors que tu souhaites me demander quelque chose et tu sembles hésiter à te lancer alors je t'encourage gentiment et te laisse le temps de réfléchir. Je laisse la chatte détendre ses pattes en tenant l'extrémité de sa laisse, elle s'éloigne maladroitement. Je peux passer des heures à l'observer courir dans le jardin ou s'amuser avec une pelote de laine. Et Satan sait combien j'ai de pelotes dans ma chambre. Comme je constate le livre que tu tiens en main, je te questionne à ce sujet. Si c'est lié à ta requête, cela permettra peut-être de te lancer. Tu m'expliques donc que tu travailles sur la généalogie avec les enfants. Comme je m'y attendais légérement, je m'évade déjà mentalement dans la confection de tissus pour élaborer des fresques décoratives. « Oh, c'est une idée amusante. Si tu le remontes assez loin, tu pourras faire un arbre magnifique ! » Tu ouvres le livre rapidement sur une page en prenant place près de moi. Tu me donnes quelques informations sur ta famille, Vacaresco, c'est un nom assez commun, non ? Je le pense, en tout cas. Il pointe du doigt sur le livre un passage dont je lis l'extrait rapidement. « Les Maramures... Oui, c'est là que je suis née. Viktor Vacarescu, Baia Mare, » je lis quelques lignes plus bas. « Vacarescu, c'est mon nom de naissance. » Je ne me présente plus sous cette identité depuis des siècles, depuis qu'on m'a donné le nom de la Folle, mais je le donne parfois aux Touristes, à mes proies, à des convives importantes. J'ai oublié bien des noms et des visages d'autrefois mais pas le mien. Mais peut-être que je ne l'avais jamais partagé avec toi avant aujourd'hui.
Alors tu me demandes si je connais tes ancêtres ou si je peux t'évoquer quelque chose de cette époque. J'observe distraitement Cléopatra sans prononcer un mot, recherchant quelques détails dans mes souvenirs. Viktor, ça ne me dit rien du tout. « Je suis arrivée à Bran, j'avais déjà presque 50 ans, c'était en 1712, peut-être ? 1715, je ne suis plus sûre, je commence en hésitant un peu sur la suite. Je ne me souviens pas vraiment de ma famille étendue, je crois que je ne les voyais pas beaucoup. J'avais deux petites soeurs, mais elles sont mortes. Mes parents également. Ils avaient probablement des frères et soeurs mais je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Quand je suis devenue vampire, mon ancienne demeure familiale a brûlé. J'y suis retournée bien des années après, juste avant de trouver un refuge à Bran. On y avait reconstruit un petit hôtel à la place. » J'avais moi-même mis le feu à ma demeure pour échapper à Gürkan, sans succès. Ou peut-être était-ce Milena, je ne sais plus trop. S'il y a une époque en particulier qui a perdu toute réalité concrète à mes yeux, c'est celle-ci. Pourtant, les cent premières années, on tient à se souvenir de certaines dates essentielles, certains événements marquants de son existence. On se dit qu'il faudrait les consigner pour ne pas perdre le fil car l'éternité tisse un fil dont on ne peut pas remonter le cours. Et ça me revient alors. « J'ai tenu un carnet en arrivant à Bran. Je ne sais plus où je l'ai rangé, cela fait longtemps que je ne l'ai pas repris. Je pourrais regarder si je trouve quelques informations de cette époque. Je voulais justement me souvenir de certaines choses qui paraissaient importantes dans ma vie d'humaine. » Je réalise bien tard que le massacre d'une famille complète et l'incendie de sa maison devait avoir poussé nos proches à fuir la région. Ce qui les avait peut-être mené ici.
J’ai un sourire attendri quand tu me présentes la chatte donc. Elle a un nom très aristocratique en soi. Je ne sais pas si cela la touche ou pas. Je pense que pour elle un nom est un nom. Les animaux sont souvent moins accrochés à la prestance des longs lignages que les Mortels. Je sais que chez les Mythes, cette notion d’ascendance varie. Elle doit être plus forte chez les Oupyrs que les autres. Bien que je ne puisse être certain de rien à ce sujet-là. « Enchanté princesse Cléopâtre. Je ne suis qu’un humble villageois pour ma part. », je réponds avec un mouvement de tête. Puis je m’agenouille face au chaton curieux, qui vient renifler les doigts que je lui présente. Je passe une main caressante sur son pelage soyeux. « Elle est très belle en tout cas. », je complimente, j’ignore si c’est le chat ou toi. En tout cas, elle apprécie l’attention vu qu’elle me gratifie d’un léger ronronnement. Quand le chat s’éloigne, je me remets debout lentement.
Pourtant quand tu m’invites à t’exposer la raison de cette entrevue, rien ne sort à part quelques excuses. Il me faut quelques minutes pour organiser mes pensées. Car au fond qu’est-ce que j’espère ? Quelques informations historiques probablement, mais je ne pourrais guère avoir plus que cela en vrai. Il y a quand même peu de chances que tu aies rencontré mon ancêtre en réalité. Et même si vous routes s’étaient croisées, t’en souviendrais-tu après trois bons siècles ? J’en doute un peu. Mais comme tu t’intéresses aux livres des archives, je sors de mon silence. Et je commence par t’expliquer l’origine de mes questions : un projet sur les arbres généalogiques des enfants. Cela peut aussi être un exercice transversal entre histoire, vocabulaire et dessin. Tu approuves le projet. « J’avoue. Ce serait presque amusant de remonter aux origines de Bran… », je commente avec un sourire. Mais cela se perd loin dans les siècles et la légende est mélangée à l’Histoire depuis. Peut-être que Dracula saurait m’expliquer quand est apparu le village cela dit. Enfin si j’ose l’aborder pour une question aussi basique.
Et je te montre d’abord ce qui m’a interpellé dans mes ancêtres. Déjà le fait qu’ils ne sont pas tous originaires d’ici, et donc que pour une partie de mon arbre je n’aurais pas d’informations. Pourquoi être venu vivre ici ? Cela dit tu me confirmes que tu es originaire de cette région. Et que ton nom de famille humain est proche du mien. Mais tu as raison, cela doit être un patronyme courant. « C’est vrai qu’à une lettre près c’est le même. », je remarque avec un léger sourire. J’ignore si tu pourras m’en apprendre plus. « J’aimerais savoir pourquoi il est venu à Bran. C’est un petit village, perdu dans une région peu hospitalière à l’époque… Peut-être y avait-il la guerre ? », je tourne mon regard noir vers toi. Il brille de curiosité. J’aime apprendre. C’est un fait. Mais tu ne peux détenir toutes les réponses. J’en ai conscience.
Comme je te questionne un peu plus, tu t’enfonces dans tes souvenirs avant de me résumer comment tu es arrivée ici et quand. « 1712… Il y a trois siècles. », je murmure en fixant le livre d’archive. « C’est très long pour se souvenir ou trouver des traces concrètes du passé. » J’en ai cruellement conscience. Je ne saurais jamais vraiment qui été Viktor, pourquoi il est venu à Bran et y est resté. Et je doute que quelqu’un puisse s’en souvenir. Sauf s’il a rencontré un Mythe, mais encore faudrait-il que la rencontre fût marquante pour un être immortel. Et tu proposes de te retrouver un carnet où tu consignais tout autrefois. J’apprécie l’effort à sa juste valeur, parce qu’après tout rien n’oblige une Oupyr à aider un simple instituteur. « Ce serait gentil. Merci de te donner autant de mal. », je réponds avec douceur. Mon regard se pose sur le chaton, qui joue non loin. « Ce serait amusant si on était en fait de la même famille, même lointaine, non ? », je déclare avec un sourire relativement tendre. Ma famille après tout se limite à ma sœur depuis des années. Ce serait agréable d’en avoir une un tout petit peu plus grande.
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