Nicolae s’est battu pour son pays, pour protéger les siens. Il a vécu de nombreuses tragédies, a commencé par la mort de sa mère et de sa jeune sœur, toutes deux emportées par la maladie. Quand il n’était encore qu’un gamin, le camp où il vivait souffrit de la famine, et aucun des Roumains vivant à côté d’eux ne les aida. Nicolae en garde un vif souvenir, douloureux, d’avoir assisté à la mort de ses proches impuissants. Quand il s’est marié, autant par amour que par nécessité, il n’a pas voulu vivre dans un endroit où on vous laissait crever la gueule ouverte, il a donc pris sa jeune épouse enceinte et l’a emporté sur les terres de ses ancêtres, celles de Dracula et des mythes. Ces terres-là, sa grand-mère hybride lui en parlait, elle lui racontait ce temps où Dracula les avait protégés, et s’était battu pour que tous puissent vivre en paix. Gamin il ne comprenait pas pourquoi elle en était partie, sa grand-mère parlait d’histoire d’amour. Lui ne voyait que la défiance des humains autour d’eux. Alors il est parti sans un regard en arrière.

Arrivé à Bran, il s’est installé avec son épouse, et prit part à la vie du camp. Artisan de talent, il mit ses mains expertes au talent du camp. Son épouse lui a donné 6 enfants, tous sensibles, comme lui. Il leur a appris ce qu’ils étaient, d’où leur venaient leurs dons, et ses enfants ont appris à utiliser les outils comme lui, à créer avec leurs mains. Certains avaient soif de découvrir le monde et sont partis, la plupart sont restés. Quand il a commencé à vieillir, il a pris de plus en plus de responsabilité au sein du camp. Mais pour devenir un Ancien, il importait d’être né ici, de connaître les traditions. Parce qu’il venait des villes, il a dû faire ses preuves, et il a démontré son courage et sa force de caractère. Un caractère pas toujours aisé à supporter par ailleurs. Il a conscience de pas être toujours facile. Son épouse est restée à ses côtés, jusqu’à ce que la maladie l’emporte au dernier hiver. Un douloureux cancer qui s’est propagé en elle. Les Oupyr ont proposé de la soigner avec leur sang, mais il a refusé, il savait que son épouse mortelle souhaitait le rester. Il lui a fait ses adieux, et depuis, le cœur lourd, il tente d’oublier sa douleur, de vivre avec.

Maria n’était qu’une enfant quand elle fut enlevée par la Baba Yaga. Les années bissextiles, on laisse la Baba Yaga emporter l’enfant de son choix parmi les derniers nés. Maria était terrifiée par la sorcière qui l’enleva, et au début, elle ne faisait que pleurer, qu’être apeurée. La Baba Yaga ne fit rien pour la rassurer, pensant que cela renforcerait le caractère de l’enfant. Et puis, Maria finit par ouvrir de grands yeux étonnés et curieux, elle finit par sécher ses larmes et arrêter de rouler en boule, elle finit par comprendre que la Baba Yaga ne la dévorait pas contrairement aux histoires qu’on lui racontait enfant. La gamine finit même par se prendre d’affection pour la Baba Yaga, qui pourtant était avare en geste affectueux, mais prompt à lui donner des conseils pour peu que Maria prête oreille.

En grandissant, Maria devint une belle jeune femme, ses grands yeux bleus dardaient le monde, semblaient le dévorer. Elle attirait les hommes dès qu’elle mettait le nez dehors. Et à dire vrai, elle se laissa séduire aussi par les garçons au point que, déçue par son comportement, la Baba Yaga finit par la ficher dehors, de toute façon elle avait d’autres enfants à prendre en charge, d’autres chats à fouetter. Maria ne revint pas immédiatement au camp, elle leur voulait de l’avoir vendue à la Baba Yaga, elle voulait découvrir le monde, elle voulait rencontrer un beau garçon qui l’emporterait au loin. Mais les garçons qui s’intéressaient à elle ne voulaient pas l’épouser et elle finit par tomber enceinte, rejetée par tous, considéré comme une catin, elle se retrouva isolée, malade et portant un enfant. Elle dut son salut qu’à la bienveillance de la vieille guérisseuse du camp qui l’a recueillie aux portes de la mort et la soigna.

Cette vieille femme lui rappelait la Baba Yaga l’ayant élevé, alors Maria ne tarda guère à se prendre d’affection pour la vieille femme. Quand la vieillesse l’empêchait de continuer à faire ses décoctions, Maria l’aida, et de fil en aiguille la jeune femme rebelle finit par apprendre l’art d’être la guérisseuse du camp gitan. Elle apprit à reconnaître les herbes, elle apprit à soigner avec, à empoissonner avec, à appliquer ses mains pour sentir le mal, pour sentir les énergies, à traiter les maladies, autant celles physiques que mentales. Et quand son mentor finit par être trop vieille pour continuer, Maria veilla sur elle jusqu’aux derniers instants puis elle prit sa place. Le camp l’avait vu changée, évoluée, au fil des années, et sans qu’elle le sache, elle avait conquis déjà leurs cœurs.

Depuis toute petite, Ceija est différente. Elle a cette voix enchanteresse, qui la rend différente de tous les autres enfants. Sa mère était une femme charmante mais extrêmement seule. Le père de Ceija est parti, il n’a jamais été un homme très présent ni très bon, pour la mère de Ceija au fond c’était un soulagement. Elle élève seule sa fille, pense gérer. Mais elle est toujours accaparée par de nouveaux hommes, toujours à tourbillonner telle une cigale. Ceija se débrouille seule, gamine indépendante et intelligente, elle use de sa voix, de ses charmes, elle gagne sa place dans des cours de chants, elle finit par chanter dans cabaret à seize ans seulement. De fil en aiguille, elle devient danseuse dans un slip club, puis poule de luxe, enfin, prostituée. Tout se passe tellement vie, la dégringolade, et les soins de sa mère malade qu’elle doit payer, elle ne pense pas à elle, elle n’a jamais trop pensé à elle la pauvre petiote.

Et puis sa mère meurt, soudainement. Ceija se retrouve seule et réalise dans quel trou elle est tombée, le trou du lapin blanc si elle s’imagine en Alice par moment. Il est vrai que c’est son roman préféré. Elle a beau être une prostituée, elle dévore les livres et les films, elle passe son temps à s’évader, se cultiver. Et ce qui l’intrigue plus qu’autre chose c’est sa nature, elle savait que son arrière-grand-mère avait eut une durée de vie exceptionnelle, et que ses dons lui viennent de mythes. Ceija fait donc des recherches, régulièrement, elle essaie de comprendre ce qu’elle est. Cela l’intrigue.

Silviu est un vrai brigand, charmeur, nonchalant, le cliché même du tzigane. Il possède de plus un charme dingue qui fait qu’on lui pardonne ses écarts, ses erreurs, ses faux pas. Il a toujours l’air de se rattraper à la dernière minute. Coule en lui dans ses veines l’adrénaline à laquelle il est complètement accro. À chaque vol, il sent cette énergie folle couler en lui, investir ses veines et son cœur. Il peut devenir complètement dingue, impulsif, dangereux. Chef d’une bande, il mène sa horde sauvage mais organisée dans les châteaux bourgeois, les grandes demeures et villas. Certes, il se vend comme le Robin des bois moderne mais en réalité, il fait ces raids pour lui, pour sa famille et pour ses amis.

Et dire que c’était un petit garçon chétif, bagarreur mais chétif. C’était le dernier d’une grande famille, et il lui fallait prouver sans cesse sa valeur. Son père était comme lui, voleur, brigand, trafiquant, il lui a enseigné les ficelles du métier. Sa mère n’était pas d’accord, mais n’avait trop son mot à dire. Le bambin était tellement heureux lorsqu’il rendait son père fier, qu’il s’est fait une réputation de pickpocket, il s’est même attiré des ennuis. Plusieurs fois. Il a fini par quitter le camp de son père et de sa famille, pour une femme, il est tombé amoureux. Quelques mois plus tard, il débarque à Bran, femme et enfant à venir sous le bras, il ne lui faut que quelques années pour fonder sa bande.

Gergő a vécu mille et une vies, pour un gitan. Quand il est venu au monde, sa mère n’a pas survécu à sa naissance. Il a donc été abandonné, élevé par sa grand-mère et les anciens. Enfant, il brûlait tout sur son passage, il devait sortir du camp pour se calmer. Avec le temps, il a appris à se contrôler. L’adolescence est un passage compliqué, mais il parvient à reprendre le contrôle de lui-même. Il tombe complètement sous le charme d’une jeune femme, elle est humaine, mais elle accepte le feu follet qu’il est. Quand elle tombe enceinte, elle a peur de ce que l’enfant pourrait être, mais les petits feux follets ne mettent pas le feu à la maison, alors la famille s’étend, et ils sont heureux ensembles jusqu’à ce que les Nazis arrivent…

Sa famille lui est arraché, il ne peut rien faire pour les délivrer, de rage et de colère il fait tout brûler. Le camp dépouillé, dévoré par les nazis, les bois l’entourant, et la ville est menacée en partie. Il part alors, il s’enfonce dans le plus profond de la Valachie, là où personne ne pourra plus le trouver. Il se retrouve parmi les siens, parmi les Jij, il brûle, se consume, brûle jusqu’à n’avoir plus de feu à l’intérieur de lui. Quand le feu s’éteint, il revient alors parmi les hommes, les tziganes. Il retrouve le camp, il est bouleversé encore, il se décide à aller voir Dracula, il a eu vent du pacte avec les locaux. Il veut protéger les siens, il convainc le vampire de les protéger. Les siens lui reproche au début ce pacte avec les Oupyrs, mais ils finissent par comprendre. Les anciens, du peu qu’il en reste, comprennent ce qu’il a vécu. Entre survivants, on se comprend, on s’épaule.