Il n'existe rien de plus profond que les liens du sang

@Snežana Vacaresco & @Lasota

 Les souvenirs ont afflué à ma mémoire dès que j’ai vu ta forme humaine. Tu viens de changer passant d’une belle louve blanche à une magnifique jeune fille. Ta chevelure de feu retombe en vague sur ta peau de nacre. Tes yeux clairs, semblables aux miens, brillent sous les jeux de lumière du sous-bois. Je sais qui tu es. Je connais le lien qui nous unit. Je t’ai observé grandir, devenir la femme que tu es et tissé ce lien particulier avec ton petit frère sensible. Je t’ai protégée au mieux de loin durant toutes ces années. Je n’ai jamais osé t’approcher, ne sachant pas trop comment t’aborder réellement. Qu’aurais-je pu te dire ? As-tu seulement le désir de rencontrer ton vrai père, celui qui a été l’amant passionnel de ta mère pendant quelques semaines ? Je n’en sais rien. J’ai peu de temps pour me décider. Mais je peux aussi poursuivre en étant une ombre invisible à tes yeux pour le reste de ton existence, juste en veillant de loin sur toi.

Je ferme un instant les yeux. Je n’ai aucun mal à me souvenir d’elle, la belle hybride qui avait ta chevelure et ta pâleur de peau. Je peux revoir sans trop de difficultés ses yeux clairs, son sourire timide. Elle avait la beauté insolente et diaphane de sa mère Vila. Elle n’était pas forcément farouche, sachant ce que j’étais. J’ai mis du temps à la séduire, chevalier servant et romantique à ses pieds. Elle est revenue d’elle-même me voir après quelques jours. Amoureuse, elle l’a probablement été tout autant que moi. Et elle est restée avec moi jusqu’au moment où elle t’a porté. J’ai accepté qu’elle retourne vivre à Bran, se trouve un époux pour cette enfant qui serait en partie humaine. Je l’ai laissée partir. Pourtant j’ai regardé de loin, attiré par elle et toi. J’ai vu votre vie de famille. J’ai aussi été touché de sa mort. Elle fut un de mes plus beaux amours, une de mes plus grandes passions probablement. Et tu es ma fille. Même si pour les miens cela a une signification assez vague, que j’appréhende tout juste.

Finalement, je sors des sous-bois. J’avance vers toi, toujours nue à chercher tes vêtements. Je suis sous forme humaine, mes yeux clairs identiques aux tiens. « Tu ressembles à ta mère. », je déclare d’une voix forte avant de m’arrêter à quelques pas de toi. Mon regard glisse sur ton corps sans rien de plus qu’une tendresse toute filiale. Certes tu es belle. Mais tu es de mon sang, ma fille. Et le lien filial dépasse les vieilles habitudes du Mythe, que je suis. Je t’offre un sourire. « Bonjour Snežana », je murmure avant de m’agenouiller face à toi. Tu ignores qui je-suis. Est-ce que ta mère t’a autrefois parlé de moi ? Que sais-tu vraiment de ton père biologique hormis qu’il t’a offert ton don de métamorphose ? « Tu es aussi une bien jolie Louve. C’est la forme animale que je préfère moi aussi. Je me nomme Lasota. », j’ajoute et tendant la main pour replacer une mèche derrière ton oreille. « Et je suis heureux d’enfin te rencontrer, ma fille. » Et je t’offre un sourire tendre.

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Il n'existe rien de plus profond que les liens du sang

@Snežana Vacaresco & @Lasota

Après midi a veiller sur les sentiers de la forêt, pas de touriste égaré a priori, et après avoir fait un tour, Snezana décide de rentrer. Pressée de retourner près de Milosz, la louve se précipite entre les arbres et les buissons. Elle reprend sa forme humaine, assez loin de l'orée du bois et dans un coin intime pour qu'aucun touriste ne puisse la surprendre. Nue, ses pieds se font une place entre les feuillages alors qu'elle évolue jusque là où elle a laissé ses vêtements. Un frisson la traverse, brise d'hiver, sans sa fourrure de louve il y a une très grosse différence. Elle se penche pour attraper un pull puis soudainement interrompue par une voix masculine se trouvant non loin. Elle se tourne et le voit, cet homme grand avec une carrure et un visage qu'elle ne connaît pas qui parle de sa mère et d'elle. Comment sait il qu'elle ressemble à sa mère ? Puisqu'elle ne l'a jamais vu. Snezana fronce les sourcils, renifle l'air pour percevoir son odeur comme si elle aurait pu y trouver quelque chose de familier, rien, si ce n'est sa nature semblable à la sienne. Sans doute pour cela qu'il n'est pas choqué de la voir nue dans la forêt. Elle reste silencieuse, l'observe, intriguée parce qu'il connaît son prénom, elle se tourne vers lui et attend des explications. Dans sa tête elle croit déjà avoir deviné qui il est parce que sa mère n'a pas connu trente six liéchis au court de sa vie. Mais elle a besoin de l'entendre le dire. Son cœur cogne, anxiété, stress latent. Il continue de l'observer après s'être agenouillé comme s'il avait quelque chose d'important à lui dire, comme s'il lui vouait une affection ignorée. Il confirme être un liéchi par sa forme préférée, mais c'est humain qu'il se présente à elle, sans doute est ce plus facile pour lui dire ensuite qu'elle est sa fille en l'accompagnant d'un geste tendre.

Elle reste muette, besoin d'un temps pour avaler cette nouvelle information. Elle ne voit pas pourquoi est ce qu'il lui mentirait. Peut être pourtant qu'il se trompe de personne. Les liéchis ont tout un tas de progénitures perdues à Bran, il n'est pas dans leurs coutumes d'élever leurs hybrides. D'ailleurs elle ne connaissait pas son nom, elle n'avait rien droit de savoir sur lui parce que sa mère craignait qu'elle n'aille trop loin dans la forêt pour aller le chercher et n'en revienne jamais. Il est un parfait étranger pour elle, pourtant elle a rêvé de ce jour depuis petite. Elle a toujours su que le père de Milosz n'était pas son père, cela a été source de mal être pour elle parfois, ayant vécu la vérité comme un abandon. Elle l'a appelé papa pourtant, il l'a aimée comme sa fille mais le lien de sang était affreusement absent. Elle a imaginé son père, plutôt sous sa forme lupine que sous sa forme humaine et à chaque fois qu'elle a croisé des Liéchis elle s'est demandé mais n'a jamais osé le demander. Maintenant c'est clair, et quand elle voit son regard elle sait qu'elle tient les siens de cet homme qui est son géniteur et qui a tout loupé de sa vie. Pourquoi se montre t-il maintenant ?

« Ta fille ? » Elle a très bien entendu, mais une petite voix intimidée au fond d'elle aurait espéré que cela ne soit qu'une manière de parler. Il s'agit bien de son père. Elle reconnaît des traits de son visage sur le sien, cette même détermination dans le regard, cette attitude. Alors qu'elle ne l'a jamais connu elle a hérité de bien des choses de lui, et surtout sa capacité de se transformer en loup. Elle qui a tant d'assurance d'habitude a l'impression de redevenir une petite fille que l'on sermonne. Elle n'aime pas cette sensation. Snezana enfile son pull, un sous-vêtement puis un jean. « Si tu es mon père pourquoi tu viens maintenant ?  Jamais les Liéchis ne viennent voir leurs enfants. » Elle a accepté ce fait, il n'y a pas d'animosité dans sa question, juste qu'elle se demande pourquoi maintenant, pourquoi pas avant, quand sa mère vivait encore. Elle ne sait pas ce qu'il s'est passé, pourquoi est ce qu'elle n'est pas restée avec lui, pourquoi est ce qu'elle a vécu loin de la forêt et pourquoi il n'a pas été là pour l'aider à maîtriser ses dons. Parce que sa mère n'en savait rien, Snezana a dû apprendre seule à apprivoiser son hybridation.

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

Je n’imaginais pas cette rencontre facile. Peut-être l’aurait-elle été si tu étais une enfant ? Apparemment, petits, les Humains posent moins de questions et ils acceptent plus facilement les choses inexplicables. Tu sais ce que je suis. Faute de le dire ouvertement, je te laisse des indices assez clairs. Et ta nature d’Hybride te permet de le sentir. Pourtant dire que tu es ma fille est presque aussi étrange pour toi que pour moi. J’ai toujours respecté les volontés de ta mère. Je l’ai aimé à ce point-là. Il a fallu bien des années pour que je brise cette promesse faite autrefois à celle qui fut une de mes plus grandes passions. Au fond j’ai aimé au-delà de toute raison et avec beaucoup d’intensité deux femmes : Judith la Ala et ta mère Hybride Vila. Seulement, je réalise aussi qu’être père, je ne sais pas comment on fait. À tes yeux aussi clairs que les miens, je ne suis qu’un Mythe inconnu. Tu as eu un père. Il était Humain et il t’a aimé comme sa fille. Moi, je n’ai toujours été que cette ombre discrète et invisible, que tu n’as jamais vu, car je n’ai jamais désiré être surpris par toi avant cet instant…

Ton silence prouve ton incompréhension et ta réflexion après les mots, que j’ai prononcés, accompagné d’un geste d’affection. Je reste immobile et silencieux, attendant une réaction. Quel qu’elle soit, je l’accepterais. Je n’ai aucun droit sur toi après tout. Je ne suis que l’amant de ta mère, celui qui t’as conçu. Mais je n’ai jamais été réellement présent, sauf de loin dissimulé dans les sous-bois à te protéger quand petite tu venais y errer seule. J’ignore même si elle t’a parlé de moi ou non. Pourquoi l’aurait-elle fait si son désir était de te voir avoir aussi une vie de Mortelle, protégé par les Gardiens et le Pacte ? Finalement, tu répètes le mot et je me contente d’acquiescer. Oui, tu es ma fille. Aussi étrange que cela pourrait te paraître, ta mère fut ma dernière maîtresse et compagne. Tu es ma dernière enfant. Depuis je me contente parfois de papillonner ou de faire la cour sans espérer conserver la demoiselle, sans vraiment chercher à atteindre mon but. J’ai eu d’autres enfants, beaucoup moins que tu ne dois le penser, mais je n’avais jamais été aussi attaché à un être descendant de moi, ni à une compagne mortelle.

Tu te détournes pour t’habiller et je me remets debout. Mon regard se perd un moment sur la forêt alentours, mon domaine presque une part de mon être tant j’y suis lié. J’entends tout ce qui se passe dans les sous-bois gelés et enneigés. Ta question est sans doute légitime. « J’avais fait une promesse. », je réponds avant de reporter le regard sur ton être. « J’avais promis qu’elle pourrait t’éduquer comme une Humaine, comme elle le désirait et que je resterais loin de toi. Elle avait choisi de m’aimer, d’être avec moi. Mais quand elle t’a porté, elle a voulu retourner à Bran pour ta sécurité. Et elle m’a demandé de rester loin de vous deux. Alors je me suis contenté de te regarder grandir sans être vu, de te suivre en forêt sans que tu le saches pour te protéger. », j’explique lentement avec un sourire triste. « J’ai aimé ta mère plus que de raison. Je l’aime probablement toujours. » Mais ma vie n’est pas prête de s’arrêter. Et je sais que notre Roi, Vuk, a gardé le contact avec son fils Hybride. C’est faux de dire qu’on ne s’occupe pas de nos enfants. Souvent on ne les connaît pas, et ce n’est pas un besoin vital pour nous de vous éduquer. « Excuse-moi, être père est une nouveauté. Mais sache que je respecterais ton choix. Tu es adulte aujourd’hui. Tu peux décider. Si tu désires que je parte, je le ferais. »

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

C'est étrange de se retrouver face à un lien de sang alors qu'elle vit avec son frère pour seule famille depuis bien des années. Elle s'était doutée que son père vivait là quelque part mais n'aurait jamais pensé le voir un jour. Il sait qu'elle ressemble trait pour trait à sa mère, et c'est déstabilisant de parler d'elle alors que la mort l'a emportée trop vite. Même si elle n'attend rien de lui, avoir des réponses lui permet de calmer les questionnements de la petite fille en elle qui se demandait pourquoi elle était différente. Elle a souvent cru avoir été adoptée, parce que personne n'était comme elle, une hybride. Et son amour pour son frère nouveau né a changé bien des choses, elle s'est accrochée à lui comme une ancre. Il lui explique donc, tandis qu'elle se rhabille, la promesse qu'il a faite à sa mère mais aussi l'amour qu'il lui portait. Alors cela la soulage de savoir qu'elle a été conçue par amour, mais elle aurait préféré garder contact avec son père pour qu'il puisse l'aider sr ses premiers pas de louve. Elle se souvient de ses premières transformations venues assez tôt, elle devait avoir environ quatre ans et elle n'avait que la taille d'un chiot, particulièrement dangereux pour elle, parce qu'elle ne savait pas comment gérer. Sa mère a fait cette erreur alors que tout aurait pu être facile pour elle avec un guide. Mais elle ne lui porte pas de rancune, elle ne pouvait pas savoir et elle a fait vraiment de son mieux pour lui rendre la vie plus facile. Elle devine que c'est cet amour qu'il a porté à sa mère qui le pousse à revenir vers elle. Alors les sensations d'être observées parfois dans la forêt sont aujourd'hui expliquées. Elle n'était pas parano, il y avait vraiment son père en train de la regarder.

Snezana se pince les lèvres, tout de même touchée par cette histoire qu'elle croit bien sûr, sinon il ne se tiendrait pas ici après toutes ces années pour lui dire qu'il est son père. Il pense être maladroit, lui tient des excuses qui l'étonnent parce qu'elle n'attend rien de lui, ni même qu'il lui offre tous les cadeaux du monde, ni même qu'il essaye de se rattraper. Elle est grande maintenant, et puis il a répondu à ses questions, elle ne lui en veut pas. « Oh je ne vais pas te demander de partir. » Elle n'a pas rencontré tant de Liéchi que ça, elle les voit parfois, les sent, mais n'a pas eu de contact très étroit avec eux parce qu'elle vit à Bran et ne s'aventure jamais trop loin dans la forêt. « C'est bien que tu sois venu, je me suis toujours demandé à quoi tu ressemblais. »

Elle se redresse, face à lui après avoir bouclé la ceinture de son jean. Elle l'observe encore un peu, il est bel homme et elle reconnaît quelques traits qu'elle tient de lui. Elle n'est pas aussi grande et forte que lui, peut être d'ailleurs qu'il pourrait l'aider à corriger cela. « Je vis avec mon frère, depuis qu'on est adolescents nous sommes orphelins. Mais nous ne sommes pas malheureux. » Parler de son frère est la première chose à faire, parce qu'il a une place très importante dans sa vie. Il l'a sans doute déjà vu si il l'observe depuis longtemps, il a du voir la relation qu'elle a avec lui et heureusement les mythes n'ont pas les mêmes convenances que les humains. Si il les a vus s'embrasser elle est persuadée qu'il ne trouvera pas cela étrange. Elle tend une main, la pose sur son bras, juste pour vérifier une dernière fois qu'il est réel. « Il s'appelle Milosz, je te le présenterai. Il ressemble beaucoup à Maman aussi.» Elle sourit, assez fin, nostalgique, elle ne se souvient pas beaucoup de sa mère, elle était très jeune, elle n'a pas eu le temps d'avoir de vraies conversations d'adultes avec elle alors elle a l'impression que c'est une étrangère. « Tu peux me parler d'elle ? Milosz a des dons d'aquakinésie, on nous a dit que ça venait d'elle mais je ne sais pas ce que ça veut dire.» Elle a beaucoup de questions à lui poser, sur lui aussi, mais préfère commencer la discussion sur sa mère afin que cela soit plus naturel.

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

 Je n’ai pas souvent rencontré mes enfants au cours de ma longue vie. Mais cette fois-ci c’est différent. Je t’ai longtemps surveillée, beaucoup plus proche lors de tes premières transformations, quand tu étais un louveteau encore. Je me suis assuré qu’aucun animal ou Mythe ou chasseur n’approchait de la petite boule de poils hirsutes, que tu étais. Mais je suis un homme d’honneur. J’ai donc respecté la promesse faite à ta mère. Si je la brise aujourd’hui, c’est parce que tu es une adulte, qui peut décider par elle-même. L’occasion s’est présentée de te parler. Je l’ai saisie. Mais je te laisse décider si je reste ou si je pars. Je pourrais comprendre ton rejet. J’ai aussi sincèrement répondu à ta question pendant que tu t’habilles. Ce n’est qu’une fois vêtue, que tu me fais face à nouveau. Tes grands yeux clairs me jaugent sans jugement. Ils sont similaires étrangement aux miens. Mais notre ressemblance physique ne s’arrête pas à tes yeux.

Mais tu ne me chasses guère. Tu sembles avoir des questions à me poser. Et je suis de bonne composition. Je peux au moins t’octroyer des réponses sincères à tes interrogations sur ta mère ou même sur mon être. J’ai un vague sourire. « J’ai bien des apparences, qu’elles soient animales ou végétales. Mais sous forme humaine, je me suis toujours présenté ainsi. J’ignore si je pourrais changer de visage… », je réponds avec un haussement d’épaules. C’est une question que je ne me pose pas vraiment. Ma forme humaine s’est imposée d’elle-même. C’est toujours la même quand je prends cette apparence-là. Elle est probablement ma vraie figure, plus que toutes les métamorphoses que je peux faire. Et tu continues de me parler. Tu mentionnes ton frère, que j’ai souvent vu en ta compagnie. Je sais que d’un point de vue humain votre relation est malsaine, mal vue. Je l’ai entendu quand je vous suivais totalement invisible, alors que vous promeniez des Touristes. Je ne sais pas si je comprends où est le problème. Mais l’amour est une notion tellement à part chez les Mythes, et souvent qui se limite à la reproduction.

Ta main vient se poser sur mon bras comme pour t’assurer que je suis réel. Je te laisse faire, curieux de la suite. « Je sais. », je réponds finalement. « Je t’ai vu avec lui au fil des saisons, avec des Touristes aussi parfois. J’entends ce que les Étrangers disent sur vous deux aussi. C’est un Sensible Vila. » Je le sais parce qu’il descend d’une Hybride Vila, votre mère donc. Ce n’est pas faux que ton frère ressemble à ta mère. Il a hérité comme toi de la beauté douce et lumineuse des Vilas. C’est ce qui peut faire la perte de leurs descendants autant que la leur, cette beauté que tous admirent et désirent de posséder. « J’ai vu aussi ce que tu as fait pour le protéger. » Ce n’est pas parce que tu ne peux ni me voir, ni me sentir quand je te suis pour veiller sur toi, que je ne suis pas là, dans les ombres des sous-bois à t’observer.

Et tu as un doux sourire. Je penche un peu la tête tout en te regardant. Ta question est légitime, je suppose. Tu n’as que peu de souvenirs d’elle, et ton frère n’en a aucun. « C’était une Hybride Vila, une fille de Vila. », je réplique doucement. « C’est pour cela que ton frère peut manipuler l’eau. C’est leur élément en réalité, elles y vivent. Si je suis un Esprit protecteur des forêts, on pourrait dire que les Vilas sont des esprits protecteurs des eaux. En plus d’être d’une beauté rare et envoûtante. C’est ce qui m’a attiré auprès de ta mère. J’ai entendu sa voix avant de voir sa beauté. » Pour autant, si elle avait décliné, je n’aurais guère insisté. Je suis un Mythe, l’attrait est donc moindre sur mon être. « Quand un Mythe a un enfant avec un Humain, l’enfant est un Hybride. Tous ceux qui descendront de lui seront des Sensibles, qui garderont une part de la magie du Mythe et pourront l’utiliser. Tes enfants, si tu en as, seront des Sensibles. C’est la même chose pour ton frère. » Mais au vu de votre relation, je doute que vous soyez un jour parent. « Vous avez sa peau blanche et sa voix mélodieuse. », j’ajoute sachant que tu désires en savoir plus sur elle. Mais je ne sais pas trop quoi te raconter, ni ce qu’il est correct d’en dire.

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

Et comme elle s'y attendait Lasota n'a pas de regard juge sur sa relation avec Milosz. Les liéchis et les humains n'ont pas la même notion de l'amour, de l'interdit. Snezana ne partage pas l'avis des humains, c'est dans sa nature, et c'est son frère qui a tout l'amour qu'elle est capable de donner. Elle ne peut s'imaginer avec un autre homme que lui et cela est étrange de voir que pour la première fois quelqu'un soit au courant de sa relation avec lui et ne tente pas de la dissuader. C'est rassurant, mais elle a toujours su que les mythes ne se montreraient jamais juges par rapport à cela. Alors la conversation ressemble à n'importe laquelle. Il a déjà vu Milosz, elle devine qu'il les a déjà vus ensemble et ce dernier le confirme assez vite en lui apprenant qu'il a vu ce qu'elle a fat pour le protéger il y a de cela des années. Elle a mis ce touriste en pièces pour s'être avancé trop près de Milosz sans doute avec l'intention de lui faire du mal ou le kidnapper.

« Je le referai, Milosz est ce que j'ai de plus cher, je ne peux pas me permettre de le perdre... Il n'a déjà pas la même longévité que moi et cela le hante tous les jours de me retrouver un jour sans lui» Tant pis pour les lois, son amour pour son frère dépasse absolument toute règle et tout accord dans ce monde. Quiconque l'approche avec malveillance elle le tuera sans la moindre hésitation. Lasota lui apprend alors bien plus de choses sur sa mère qu'elle n'en a jamais su. Elle savait qu'elle avat un héritage vila, on le lui avait dit mais on ne lui a jamais réellement expliqué ce que cela veut dire. Alors elle ira l'apprendre à Milosz, plus tard, quand elle le retrouvera, il sera sans doute surpris d'apprendre qu'elle a rencontré son père alors qu'ils sont orphelins depuis longtemps.

« ça veut dire que j'en suis une aussi ? Une sensible vila, en plus d'être hybride liéchi ?» Snezana ne sait pas comment fonctionne l'hérédité, elle a grandi en découvrant seule toutes ses capacités, entourée d'humains personne pour le lui apprendre. « J'étais jeune quand ma mère est partie, ce sont des choses que je n'ai pas pu lui demander et mon père ne savait pas non plus me répondre. » Ainsi il peut mesure l'ampleur de son ignorance. Elle détaille encore le visage de son père, sa carrure, il est impressionnant et a un physique très avantageux. Elle imagine bien qu'il a eu d'autres maîtresses et qu'elle possède sans doute d'autres frères et sœurs. Mais elle n'a pas envie de les connaître, sa vie se résume à Milosz. « Je voudrais que Milosz vive aussi vieux que moi, pourrais tu m'aider ? »

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

Encore une fois tu parles de choses qui ne font que peu de sens voire aucun pour moi. Je suis un Lièchi. Je tombe souvent amoureux d’une jeune femme, que je tente de séduire. Elle reste plus ou moins longtemps avec moi. Cela m’offre une progéniture Hybride. Est-ce cela l’amour ? Ou plutôt le lien étrange qui m’unit à Judith ? Ou celui qui m’unissait à ta mère ? Je n’en sais rien. Comparé à toi, je n’éprouve pas le besoin de mettre des mots sur mes émotions, de justifier mes actes. Toi, tu le fais. C’est très humain en réalité. Je relève que j’ai vu ce que tu as fait à ce Touriste pour protéger ton frère. Et tu commences à justifier le bien fondé de ton action. Je me contente de froncer des sourcils. Peut-être agis-tu avec lui comme je le fais avec ma chère forêt, que je protège peu importe le prix.

« Tu ne peux pas le traiter comme un objet qui t’appartient ou comme ton territoire. », je commente lentement. « Tôt ou tard, tu le perdras. Rien ne vit éternellement, même pas les Mythes. » Puisque la simple pollution peut me tuer. Puisqu’un pieux bien placé dans le cœur d’un Oupyr met fait à sa longue vie… « Tout naît. Et tout meurt. C’est le cycle naturel de la vie. Il ne se brise jamais. » J’ignore si tu veux entendre cela. Mais il n’y a pas de solution. Ton frère est un Sensible. Il vivra une vie d’Humain et s’éteindra. « Un jour, il fera vieillard. Toi, tu seras toujours une jeune femme. C’est ainsi. » Cependant je devine que tu es fermée à ce genre d’argument. Tu ne peux pas imaginer ta vie sans lui, parce que tu te l’es approprié comme quelque chose d’aussi vital que l’air ou l’eau. Je ne juge pas. Mais je ne comprends pas forcément non plus.

Et je réponds à tes questions sur ta mère. Apparemment, ton père t’en a rarement parlé ou peut-être ne savait-il pas tout. Je sens ta curiosité quant aux Vilas et au sang qui coule dans tes veines et celle de ton frère. Ta question me fait sourire. « Non, tu es une Hybride Lièchi. Le sang de Mythe prend toujours le dessus. Tes enfants seraient des Sensibles Liéchis. Ton héritage Vila restera dans ta beauté douce et envoûtante. », je réponds lentement. En général, c’est l’ascendance du Mythe qui domine, d’où les fait que tous nos enfants sont Hybrides et tiennent leur pouvoir de nous. Sinon certains naîtraient sans aucune magie ancestrale en eux. « Je sais. », je murmure. « Je suis désolé. J’aurais dû être là pour t’aider. » Et je l’aurais pu, si je n’avais pas cet honneur désuet en moi. J’avais fait une promesse. Je ne l’ai brisé aujourd’hui, que parce que tu es adulte. Tu peux choisir de savoir ou d’ignorer tes origines.

« Si tu as des questions, besoin d’aide… Je suis là. Tu n’auras qu’à venir en forêt et m’appeler. », je te propose. D’ailleurs ta première requête ne se fait guère attendre. J’ai une grimace. « Moi non. Je n’ai pas ce genre de pouvoir, ni de magie. », je réponds sincèrement. « D’autres Mythes peut-être. Mais cela aura un prix très lourd. En voulant allonger sa vie, tu risques de le condamner à mourir plus vite, ou tu vous priveras de quelque chose, faisant de vous des esclaves. Peut-être même que vous serez séparés… » Car tout a un prix. Et ceux possédants ce pouvoir n’agissent jamais par bonté ou compassion, mais contre un paiement intéressant. Ils savent exploiter la faiblesse et le besoin pour être gagnant et berner le demandeur.

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

Elle n'aime pas ce qu'il dit, elle n'a jamais traité Milosz comme un objet. Snezana fronce les sourcils, il ne la connaît pas assez pour juger du lien qui les unit. Mais les mythes n'ont pas les mêmes émotions, pas la même manière de fonctionner alors elle ne dit rien. Elle n'accepte pas l'ordre des choses, s'est toujours sentie à part des mythes, à part des humains sans réussir à trouver un juste équilibre. Bien qu'elle ait le sens moral de là où elle vit pour être tranquille, elle ne veut pas être dirigée par les pensées d'un groupe ou un autre. Pour elle seul compte Milosz et ça il e pourra pas le comprendre tant qu'il ne la connaitra pas davantage. C'est vrai qu'ils viennent de se retrouver et qu'il essaye aussi de lui enseigner ce qu'il sait de part son expérience. Hélas il y a bine longtemps que Snezana n'écoute personne d'autre que Milosz et elle-même. Au moins il lui apprend quelque chose sur son ascendance, elle racontera à son frère ce qu'elle sait, se demande comment il réagira à la nouvelle.

Il s'excuse de ne pas avoir été là, mais de toute façon il n'y pouvait rien. « Ce n'est rien, je suis adulte maintenant, j'ai fait mes propres expériences. » Elle laisse échapper un rire un peu ironique, elle aurait aimé qu'on l'aide mais a toujours dû se débrouiller et apprivoiser ses petites particularités seule. Et puis elle comprend aisément qu'il avait promis à sa mère et juste pour ça elle ne peut pas lui en vouloir. Elle a fait de son mieux pour l'aider à ses premières transformations, quand elle se transformait en chiot et qu'elle se sentait anxieuse, qu'elle ne comprenait pas pourquoi ses sens changeaient de cette manière. Snezana a force d'années a pu s'en sortir et s'en est même admirablement bien sortie. Mais peut être que s'il avait été là, elle se serait sentie plus poche des mythes et surtout des liéchis. Ils lui sont inconnus, elle leur laisse des proies mais n'a pas d'affinités avec. Peut être que c'est sur le point de changer maintenant qu'elle a retrouvé son père, ou peut être pas. Elle ne leur met pas de pression, tout arrivera en temps voulu, et ils ont bien des années à rattraper. Elle lui demande d'abord s'il a des conseils pour l'aider à prolonger la vie de Milosz, c'est sa hantise de se retrouver seule sans lui, elle ne le supporterait pas. Il parle d'autres mythes, les liéchis ne pourraient pas l'aider alors que ça aurait été la voie la plus simple : qu'il devienne comme elle. Mais il la met de nouveau en garde, et fait faner ses espoirs.

« Tant pis je mourrais avec lui. » Elle répond en croisant les bras. Ce n'est pas ce qu'il dit qui l'empêchera de chercher une solution qui leur permettra de vivre ensemble le plus longtemps possible. De toute façon il n'y a que lui qui compte dans sa vie, et sans lui elle n'aurait plus le moindre sens. « Je n'ai pas de raison de vivre s'il n'est plus là, et je n'ai pas envie de me retrouver seule. » Et puis elle doute être recueillie parmi les liéchis et quitter Bran. Elle ira donc demander à d'autres mythes, s'ils auraient une solution, tout en se méfiant des retombées qu'évoque son père.

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@Snežana Vacaresco & @Lasota

Je ne suis pas certain que tu comprends ce que je te dis. Ni même que tu désires entendre une autre vérité que la tienne. Mais après tout, je ne suis que ton géniteur. Ce père absent, invisible que tu viens de rencontrer. Je ne suis personne pour toi. Mon opinion ne doit pas compter pour toi. Et au fond, je sais que je n’ai que peu de pouvoir sur tes idées. Je ne cherche pas en avoir. Peut-être qu’après aujourd’hui nous ne nous reverrons plus. Donc cette conversation restera sans suite. Et tu feras comme bon te semble. Je ne vais pas arguer que j’ai la sagesse de ma très longue vie pour moi. Je connais le prix des marchés conclus avec les Mythes. Je sais que pour obtenir ce que tu veux, tu risques de payer cher et que tu risques aussi au final de le perdre, ton frère. Mais tu ne veux pas l’entendre. Pas plus que tu ne veux imaginer ta vie sans lui. Alors je ne peux qu’imaginer le naufrage vers lequel tu vas. Et je en peux rien y faire. Je t’aurais prévenue. Ce qui est la seule option que j’ai.

D’ailleurs tu me l’as clairement reproché, cette absence de ma part, le manque d’aide que je t’ai offert. Et je l’accepte. Après tout ce n’est que la vérité. Mais c’est le lot de tous les Hybrides, quel que soit leur parent Mythe, d’apprendre seul à découvrir sa nature. L’instinct parental n’est pas inscrit en nous. Et je ne peux m’excuser pour cela, d’autant plus que j’avais promis de rester loin. Alors je t’ai observée et protégée. Et je continuerais de le faire, même si nous ne nous parlons plus. Je peux être là, totalement invisible. Après tout je ne fais pas partie des Mythes avec qui tu fais commerce. Seuls les Oupyrs ont un réel intérêt à ce que tu leur livres des Touristes, Et peut-être ceux qu’on qualifie de démons. Mais les Liéchis n’ont pas vraiment besoin des Humains, si ce n’est pour se reproduire comme tout élémentaire. Tu ne dois donc rien savoir des miens. C’est peut-être mieux ainsi.

Et je réponds à ta question quand tu me demandes pour ton frère. Le prix à payer sera aussi cher que le service. Et tu dégages tellement de besoin d’y parvenir, que tu es un oiseau pour le chat. Le premier Mythe pouvant le faire à qui tu demanderas verra l’opportunité de te manipuler à sa guise. Ton aveuglement te coûtera cher pour quelque chose qui au fond est sûrement peu réalisable. Je te regarde défendre ton point de vue. « Ma foi tu seras facile à manipuler et asservir pour n’importe quel Mythe mal intentionné. Parce qu’ils te promettront ce que tu demandes contre un prix très élevé. Ils ne te diront pas que c’est quasiment impossible. Mais tu désires tellement le conserver envers et contre tout, que tu signeras n’importe quoi. Et qu’auras-tu gagné si tu dois le payer de ta vie, de ta liberté. ? Si au final le prix est de le priver d’âme et de vous séparer éternellement, parce que tu seras devenue l’esclave d’un Mythe ? Crois-tu que c’est ce qu’il désire ? », je réponds en haussant des épaules.

« Je t’ai mise en garde. Mais tu as raison, je ne suis personne pour toi, et tu peux te passer de mes conseils. », j’ajoute avant de me diriger vers un arbre en bordure de la petite clairière. Je pose ma main sur le tronc abîmé pour le réparer avec ma magie liée à la nature. « Le cycle naturel de la vie ne est être rompu sans conséquence. Et souvent privé la mort de son dû signifie lui donner autant en échange. Et sais-tu qui devra se sacrifier pour ta demande ? La demanderesse, donc toi… Je suis certain que ton frère sera heureux de voir sa vie allongée au prix de la tienne. », j’ajoute avant de m’enfoncer dans les sous-bois. Libre à toi de me suivre ou non. De toute manière, je n’abonde pas dans ton sens, tu dois donc me voir comme un intrus et un ennemi à ton bonheur incestueux. Mais je me demande ce qu’en pense le principal concerné. D’ailleurs a-t-il son mot à dire ? Je ne vous connais pas assez pour juger correctement l’équilibre de votre relation.

by eden memories